Vins québécois : Caribou lance son premier hors-série
Pas facile de parler des vins québécois
“On cherchait à aider les Québécois à aller plus loin que les articles, et aider les consommateurs à mieux choisir des vins d’ici. Les hors-séries se veulent devenir un ouvrage de référence. Histoire de se familiariser avec le milieu des vins québécois.” – Geneviève Vézina Montplaisir, Co-éditrice et co-rédactrice en chef de Caribou
Comment l’idée vous est venue de faire un numéro spécial sur les vins québécois?
« En fait, c’est une idée d’Audrey, il y a environ un an et demi. Elle voyait les premiers balbutiements d’un intérêt qui deviendra marqué pour les vins québécois sur les cartes de restos et sur les tablettes d’épiceries » dit Geneviève que j’aie rencontré à la fin août afin de discuter de l’aventure de l’équipe de Caribou dans l’élaboration du numéro hors-série sur les vins québécois lancés le 11 septembre dernier au Butterbloom à Montréal.
L’aventure était audacieuse pour l’équipe du magazine de la culture culinaire québécoise raisonnée : Caribou. En effet, au moment où l’équipe a débuté à travailler sur l’idée, la réputation des vins québécois était inexistante ou souvent péjorative dans la tête du grand public. Elles étaient sans doute loin de se douter de l’engouement que prendraient les vins québécois dans les médias à quelques mois de la publication du numéro. Je vous livre ici les grandes lignes de ma conversation avec Geneviève Vézina Montplaisir (co-éditrice et co-rédactrice en chef du magazine)
D’abord, un portrait du vin au Québec aujourd’hui
Au Québec, on compterait près d’une centaine de vignobles en exploitation si on se fie au site Alcools du terroir. Malgré tout cela, peu d’entre-nous avons eu la chance de découvrir des vins québécois de qualité par le passé.
Personnellement, je me rappelle de mes premières tournées vinicoles du Québec il y a pas loin de 10 ans. Peu me plaisait! Que ce soit par méconnaissance des domaines à visiter, ou encore parce que mon palais était formaté par les standards des grands domaines d’appellation français ou encore italiens. Que j’ai fait du chemin depuis côté développement de palais, mais que les vignerons ont aussi évolué dans le bon sens pour faire du bon!
Comme le mentionne Geneviève, le vignoble québécois a subi une transition dans les dernières années. On est passé des investisseurs, qui voyaient dans la vinification, un rêve de retraite bucolique, et qui s’y sont investis sans nécessairement y connaître grand-chose. Cela a créé un amateurisme qui en somme donnait une chance sur deux de tomber sur un mauvais vin.
Depuis, avec l’expérience, les techniques se sont raffinées, on a compris les hybrides. On a compris comment les adapter aux terroirs d’ici et intégrer un peu de vitis vinifera également. Mais au-delà de ça, on peut maintenant compter sur une nouvelle génération de jeune vigneron. Ces jeunes vignerons se sont promenés dans le monde, ils ont vu et appris comment faire ailleurs. Ils ont ramené une expertise qui permet de faire ce que le consommateur désire de boire, dans le but de faire du bon vin ici au Québec. Cela n’est possible qu’avec une meilleure connaissance de notre territoire, de nos sols et du climat.
De retour à ma conversation avec Geneviève, je lui demande :
Quel était votre objectif en créant ce numéro hors série sur les vins québécois?
L’idée était vraiment de faire changer les perceptions, briser les préjugés! J’ai répondu “On dirait une répétition de l’histoire des cidres du Québec”.
En fait, on a commencé à travailler sur un numéro plus grand public que le magazine pour mettre de l’avant les vins québécois. Car il ne faut pas le nier, la majorité des gens ne connaissent pas ce qui se fait de bon ici, d’autres ont une opinion péjorative souvent due à une mauvaise expérience passée.
On voulait combattre cette mauvaise perception, communiquer que l’on fait d’excellents vins ici, au Québec. On voulait rendre le tout plus accessible, bien au-delà de la clientèle d’initiés habituels, soit les restaurateurs, sommeliers et chefs.
L’idée était vraiment de faire changer les perceptions, briser les préjugés! J’ai répondu “On dirait une répétition de l’histoire des cidres du Québec”.
On cherchait à aider les Québécois à aller plus loin que les articles, et aider les consommateurs à mieux choisir des produits. Les hors-séries se veulent devenir un ouvrage de référence. Histoire de se familiariser avec le milieu des vins québécois.
Un problème d’accès
Car il faut le savoir, trouver un vin québécois en SAQ tend de l’exploit, ces derniers étant principalement disponibles au vignoble ou dans certains restaurants seulement.
Même si tu désires visiter un vignoble, encore faut-il savoir quels vignerons visiter, car l’information est difficile à trouver. De plus, il n’y a souvent aucune information disponible sur la qualité des vins produits sur place. Les vins québécois voyez vous ne font pas l’objet de guides du vin juste pour eux, et sont rarement inclus dans les guides officiels plus connus. Voilà pourquoi ce hors-série trouve toute sa pertinence!
Mais au-delà du problème d’accès, il y a surtout une méconnaissance des cépages hybrides utilisés ici. C’est quand même un obstacle majeur pour plusieurs consommateurs qui n’ont pas de référence commune avec des vins d’ailleurs. Mais fort heureusement, avec l’introduction de cépages Vitis vinifera et une meilleure éducation sur les cépages hybrides employés, de plus en plus de gens s’y retrouvent pour mieux démystifier les profils de goût des vins québécois.
Et puis, en 2016 tout change!
Pourquoi? Car plusieurs des nouveaux vignerons ont progressivement investi les médias sociaux, mais aussi grâce à un changement dans la loi québécoise permettant maintenant la vente de vins québécois dans le réseau des épiceries et dépanneurs.
Une accessibilité accrue et une plus grande visibilité sur les médias sociaux à contribué à créer un buzz autour des vins québécois, d’abord en restauration, maintenant auprès du public. Le moment était le bon pour travailler sur ce numéro.
Concrètement, le hors-série sur les vins québécois comprend quoi, à quoi on peut s’attendre?
La publication est plus dans le pratico-pratique que les numéros réguliers du magazine. Les hors-séries visent un public un peu plus large que d’habitude et se veulent devenir des outils de référence.
D’abord, on commence dans l’éducation, la mise en contexte avec des éléments utiles tel : un lexique des mots du vin, suivi par le portrait de quelques vignerons d’ici, une petite histoire du vignoble québécois au format ligne du temps ainsi que des données en vrac sur le vignoble québécois.
On ajoute à ça le résultat de road trip chez plusieurs viticulteurs durant la dernière année, des informations sur les cépages hybrides et innovateurs en plus de survoler comment on fait le vin.
Mais la véritable part du lion du numéro hors-série, c’est les 40 recommandations de vins québécois, classés par région, et proposés par la sommelière Véronique Rivest du bar à vin Soif.
On termine le tout par un petit carnet d’adresses d’endroits où se procurer des vins québécois dans le Grand Montréal et dans la région métropolitaine de Québec.
Quel a été votre principal défi dans la réalisation de ce numéro?
Ç’a vraiment été de faire des choix difficiles. Sur qui on intègre, ou non, dans le hors-série ? Il nous a fallu aussi décider jusqu’à quel point on va dans l’éducation sur le sujet.
On a eu un super bel accueil des vignerons et du conseil des vins. On a appris beaucoup, goûté de super bons vins, ce qui nous a poussés à revoir nos propres perceptions. L’élaboration de ce hors-série nous a permis dans le fond de contaminer positivement notre entourage. Le monde du vin étant un monde en soi, souvent perméable au grand public.
Notre plus gros obstacle dans la réalisation de ce hors-série sur les vins québécois fut la réaction de notre entourage immédiat. On entendait des choses comme “Ça existent des bons vins québécois???”. Il y avait une incrédulité de l’entourage sur la qualité des vins d’ici.
Nous avons aussi dû nous adapter à la réalité des vignerons pour effectuer la collecte de contenus, les prises de photos et pouvoir avoir le matériel nécessaire pour produire ce numéro.
On voulait faire aussi un portrait humain, raconter l’histoire des gens produisant ces vins, ce qui a demandé beaucoup de flexibilité à notre équipe.
En terminant, quelle vision pour l’avenir de Caribou?
Ce numéro hors-série est une belle continuation pour le magazine, une extension et il y en aura d’autres sur des thèmes que je ne peux annoncer pour tout de suite. Notre constat pour celui-ci, c’est que les vignerons sont de super agriculteurs, des gens passionnés et travaillants.
Sinon, vous pouvez attendre notre prochain numéro régulier cet automne. Nous explorerons “le futur” de l’alimentation à la tradition Caribou.
À propos du magazine Caribou
Le magazine Caribou est né d’une idée folle: celle de mettre en lumière la culture culinaire québécoise à une époque où plusieurs se demandaient si le Québec possédait réellement une telle culture.
Premier magazine portant sur la cuisine, mais sans aucune recette, Caribou s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à l’agroalimentaire, à l’alimentation, à l’histoire, au design et au Québec. (tiré du site web – cariboumag.com)